« Je ne sais pas comment on n’a pas des millions de personnes, et en particulier des enfants, qui meurent au rythme où nous allons avec le manque de financement et l’effondrement de l’économie. »
Ils étaient 8 frères et sœurs âgés de 18 mois à 8 ans. Leur père, paralysé, est mort d’une tumeur. Leur mère est morte d’une maladie cardiaque. La fratrie vivait seule dans un appartement d’un quartier pauvre à l’ouest de Kaboul. Ils ont été retrouvés morts par Mohammad Ali Bamiyani, prédicateur dans une mosquée de Kaboul, qui a procédé à leur enterrement.
« Les huit enfants étaient morts », affirme-t-il, « il est clair qu’ils étaient affamés ».
Ce drame se déroule alors que l’Afghanistan est confronté à une crise alimentaire, « l’une des pires au monde » selon l’Organisation des Nations Unies.
Selon un rapport, coproduit par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et le Programme alimentaire mondial (PAM), « plus de la moitié de la population afghane sera confrontée à la faim en novembre, soit un nombre record de 22,8 millions de personnes ».
« Les enfants vont mourir », s’insurge David Beasley, directeur du PAM, « les gens vont mourir de faim, les choses vont empirer ».
« Je ne sais pas comment on n’a pas des millions de personnes, et en particulier des enfants, qui meurent au rythme où nous allons avec le manque de financement et l’effondrement de l’économie. »
La prise de pouvoir des talibans et l’effondrement du pouvoir en août dernier, qui ont entraîné l’arrêt des subventions internationales avec un manque qui se compte en milliards de dollars d’aide, et la crise alimentaire exacerbée par le changement climatique placent les Afghans dans une crise qui « s’aggrave de jour en jour », selon Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge.
Un avis en accord avec celui de David Beasley qui estime que la chute est plus rapide que ce que prévoyaient les estimations.
« Ce que nous prévoyons se réalise beaucoup plus rapidement que prévu. Kaboul a chuté plus rapidement que quiconque ne l’avait prévu et l’économie chute plus vite que cela. »
La fermeture des frontières ne permet la libre circulation ni des personnes, ni des marchandises. Sur fond de tensions au niveau des transports entre le Pakistan et l’Afghanistan, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mahmood Qureshi s’est rendu à Kaboul jeudi dernier ; une première depuis la prise de pouvoir des talibans.
Des mesures d’assouplissement des restrictions aux frontières avaient alors été prises pour faciliter le commerce. Une décision saluée par Babar Baloch, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Mais après une brève réouverture, la frontière pakistano-afghane fermait à nouveau, bloquant ainsi des centaines de camions et d’autres véhicules, et mettant en difficultés les agriculteurs locaux, les transporteurs et les commerçants.
M.C.